Vincent, quadra parisien, est parti chasser le blue-sheep au Népal avec Anthony Ovini. Revenu avec un magnifique barhal et un muntjac, il avoue avoir vécu une expérience humaine et cynégétique qui laisse de belles traces dans sa mémoire et son coeur.
Le Nepal , un royaume entre terre et ciel !Si aller chasser en Asie l’attirait, Vincent ne s’attendait pas à un tel choc ! Lorsqu’Anthony Ovini lui propose de partir chasser le mythique barhal sur le toit du monde, il n’hésite pas une seconde et trouve
dans son emploi du temps de chef d’entreprise un créneau pour s’envoler, fin avril, pour le Népal, petit pays de légende, coincé entre la Chine et l’Inde.
Il recueille quelques informations, découvre que c’est là-bas que naquit le Bouddha, que le royaume est devenu république démocratique en 2008. En posant le pied à Katmandou, il comprend que cette contrée, véritable carrefour de civilisations, constitue un point de jonction : l'Inde hindouiste et celle du Tibet bouddhiste coexistent dans un esprit de tolérance peu commun On y parle plus de cinquante langues et dialectes différents. Le timing lui permet de visiter la capitale, « à aucun moment, je n’ai ressenti un climat d’insécurité. Nous sommes pourtant sortis des circuits conseillés par les guides ». Temples, boutiques très achalandées, rues poussiéreuses… il remarque que le concept du traitement des déchets n’est pas encore arrivé ! Ils prennent la route pour rejoindre la réserve de chasse de Dhorpatan. Un road trip de 2 jours et demi durant lesquels, ils verront changer les paysages, flirteront avec des précipices, encaisseront les nids de poule et la conduite particulière des népalais. «Une remise à l’heure de mes pendules d’européen. Les gens sont loin d’être riches et pourtant ils vous accueillent avec le sourire, vous offre une hospitalité qui n’est pas de circonstance. On a oublié ça » . Ils troquent le 4X4 pour une jeep quand la route devient chemin avant 4h de marche pour rejoindre un village tout en pierre aux pieds des cimes. Vincent prend conscience que ses sorties VTT n’ont pas été assez nombreuses. Les muscles chauffent. 500 âmes vivent en autarcie sur ce plateau à 3000 mètres d’altitude. Ciblage de l’arme, rencontre avec les habitants, diner et nuit réparatrice Le lendemain, l’aventure cynégétique commence.
Tenir jusqu’au bout
A l’aube, les 17 sherpas chargent tout le nécessaire pour établir le camp d’altitude. « 6h de marche, j’avais presque honte de ne rien porter, d’avoir de bonnes chaussures alors qu’ils crapahutaient avec 60 kg sur les épaules en claquettes et avec le sourire ! ». Le camp de base est dressé. Anthony vérifie le matériel, il sait que la journée qui s’annonce sera difficile et longue ». Réveil à 3h pour avaler un thé. Les 1000 mètres de dénivelé sont rudes pour Vincent . « J’ai maudit le vendeur du magasin de sport qui m’a vendu des chaussettes pas adaptées à ce type de marche, je sens le frottement annonciateur d’ampoules ». Le corps souffre, les muscles brulent. Ils arrivent au petit matin sur les arrêtes enneigées. Anthony jumèle : aucun animal en vue, il faut poursuivre. 4h s’écouleront pour contourner un pic. Vincent flanche. Anthony encourage, fait des pauses, sûr que les animaux sont là. « J’étais rincé, sans lui, son énergie, son enthousiasme, son expérience, j’aurais renoncé sans l’ombre d’un remord » Il pense à son beau-père qui l’a initié à la chasse et dont la condition physique ne permet pas de partager cette aventure, à un ami dont l’enfant est gravement malade, à ses filles , sa femme… « Pour eux, je devais mettre un pied devant l’autre, oublier la douleur, ne pas flancher ».
Un groupe d’une vingtaine d’animaux est repéré dont 7 mâles. L’approche commence, Vincent serre les dents et avance. 300m, 200 m, 100m… un barhal sort du lot, très grand. A 80 mètres, calé, Vincent place un très belle balle. Le blue sheep est âgé 13 ans et porte des cornes de près de 70 cm. Il est 19h. « Moi qui suis plutôt émotif, les larmes ne viennent pas, j’étais vidé ». Anthony confirme « il est allé au bout de lui-même chercher la force de conclure. Après 14 heures, ses efforts ont payé ! J’étais fier de lui. » Restait la récupération de l’animal et son transport jusqu’au campement. « Toute l’équipe est venue avec du thé, heureux de ma réussite ». Ils seront au camp à 11 h du soir et partageront malgré la fatigue, le repas préparé par le cuistot et fêté l’exploit. « C’est pour vivre de tels moments que j’ai choisi d’être guide de chasse spécialisé dans le gibier de montagne. Cette journée en haute montagne, dans des conditions difficiles tant physiquement, géographiquement que moralement donne tout son sens à mon choix professionnel. Elle est une sacrée expérience humaine pour Vincent comme pour moi ».
La journée du lendemain est consacrée au retour au village et à une bonne nuit de sommeil. Vincent a repris du poil de la bête et ne refuse pas de tenter une sortie pour rechercher un muntjac, un petit cervidé d’Asie repéré le matin par Anthony. Chaussé de claquettes ( Ses pieds refusant de réintégrer momentanément une paire de chassures), Vincent rejoint tôt dans l’après-midi un poste aménagé par son guide. Ils attendent plus de 3h mais ¼ d’heure avant la fin, l’animal sort dans la pente à 130 mètres. Vincent prélève un très beau mâle de 18 kg dont les bois mesurent 17 cm. Au village, ils sont accueillis par leurs hôtes avec un gâteau ! Ils quitteront le village non sans émotion partagée par nos français et l’équipe des guides et sherpas locale et rejoindront par hélicoptère Katmandou.
Vincent a retrouvé famille et activité professionnelle depuis plus d’un mois mais il avoue que pour la 1ère fois, il pense chaque jour à cette aventure et aux personnes qu’il a rencontrées. « Anthony m’a permis de vivre une expérience hors du commun qui a fait bouger mes lignes personnelles ». Après la Nouvelle Zélande, le Kazakhstan, le Népal, il lui fait confiance pour lui trouver une autre expédition. En Iran pourquoi pas ?